L’axe intestin-cerveau : un dialogue constant entre deux “cerveaux”
Vous avez sûrement déjà remarqué qu’en période de stress, votre ventre se crispe, ou qu’en pleine crise de ballonnements, vous vous sentez soudain plus irritable ou fatigué(e).
Ce n’est pas dans votre tête — c’est dans votre intestin.
L’intestin contient plus de 200 millions de neurones reliés directement au cerveau par le nerf vague. Ce réseau, qu’on appelle l’axe intestin-cerveau, permet une communication constante entre nos émotions et notre digestion.
Ainsi :
- Le stress ou les émotions peuvent perturber la digestion.
- Et, inversement :
- Une revue publiée en 2024 dans Microbial Health and Disease montre que les déséquilibres du microbiote intestinal peuvent directement influencer nos émotions et notre réactivité au stress, via l’axe intestin-cerveau (Pletikosić et al., 2024).
- Selon une étude de 2025 publiée dans BMC Psychiatry, les personnes souffrant de dépression présentent souvent une composition bactérienne intestinale altérée, suggérant que l’intestin joue un rôle bien plus central dans la régulation de l’humeur qu’on ne le pensait jusqu’alors (Pineda-Rangel et al., 2025)
Les neurotransmetteurs produits dans l’intestin : le carburant de nos émotions
Notre flore intestinale — le microbiote — ne se contente pas d’aider à digérer : elle fabrique aussi une grande partie de nos neurotransmetteurs, ces messagers chimiques essentiels à la régulation de l’humeur.
Par exemple :
- La sérotonine, souvent appelée “hormone du bonheur” . Un microbiote déséquilibré peut en réduire la synthèse et favoriser tristesse, anxiété ou irritabilité.
- Le GABA, neurotransmetteur apaisant, aide à réguler le stress et le sommeil. Certaines bonnes bactéries en produisent naturellement (Frontiers in Psychiatry, Liu & Zhu, 2018).
- La dopamine et la noradrénaline, impliquées dans la motivation et la vigilance, dépendent aussi de l’état du microbiote.
Quand la flore intestinale est altérée (SIBO, dysbiose, perméabilité intestinale…), la communication entre intestin et cerveau devient “brouillée”.
Résultat : même sans cause psychologique claire, on peut se sentir nerveux, triste, vidé ou “à plat”.
💡 Le saviez-vous ?
Près de 90 % de la sérotonine est produite dans l’intestin. Des chercheurs ont confirmé en 2024 dans Current Nutrition Reports que cette production dépend directement de la diversité du microbiote et de l’alimentation (Moya-Gómez & Bellido, 2025).
Pourquoi les troubles digestifs affectent directement l’humeur
Les études récentes confirment ce que les patients ressentent souvent depuis longtemps. Plusieurs mécanismes expliquent cette interconnexion :
- Inflammation de bas grade : une muqueuse intestinale irritée libère des molécules inflammatoires qui atteignent le cerveau et modifient l’équilibre des neurotransmetteurs.
- Dysbiose intestinale : un microbiote déséquilibré perturbe la production de sérotonine et augmente la perméabilité intestinale.
- Stress chronique : il dérègle à la fois la motricité intestinale, la perméabilité intestinale (« leaky gut) et la sécrétion d’hormones comme le cortisol, aggravant les troubles digestifs. C’est ce qu’expliquent Cryan et Dinan (2022) dans Nature Reviews Neuroscience, soulignant que cette boucle inflammatoire contribue aux troubles anxieux et dépressifs.
- Carences nutritionnelles : une absorption altérée peut entraîner un manque de magnésium, de fer, de vitamine B12, de folates ou d’oméga-3 — autant d’éléments indispensables à l’équilibre émotionnel.
Ce n’est pas “dans la tête”, c’est dans le corps
Beaucoup de personnes souffrant de troubles digestifs (SII, SIBO, reflux, ballonnements chroniques…) se sentent incomprises.
On leur dit parfois : « C’est le stress » ou « Il faut apprendre à se détendre ».
En réalité, les troubles digestifs ont une base physiologique réelle.
Oui, le stress peut aggraver les symptômes, mais les déséquilibres digestifs eux-mêmes entretiennent le stress et les troubles de l’humeur.
Il ne s’agit pas de volonté, mais de biochimie.
Prendre soin du microbiote, c’est aussi prendre soin de son mental
Une approche globale et fonctionnelle permet de rééquilibrer à la fois la digestion et les émotions :
- Alimentation adaptée : réduire la fermentation excessive, apaiser l’inflammation, nourrir les bonnes bactéries.
- Soutien du nerf vague : respiration, cohérence cardiaque, méditation, marche, yoga doux.
- Apports nutritionnels ciblés : oméga-3, zinc, magnésium, vitamines B, glutamine…
- Restauration du microbiote : protocole personnalisé de prébiotiques et probiotiques, si toléré et selon votre profil digestif.
Retrouver un équilibre intestinal, c’est redonner au corps la capacité de fabriquer les molécules du bien-être et de réguler naturellement l’humeur.
💡 Études scientifiques
D’après une revue de 2025 dans Biomedicines, la prise en charge nutritionnelle ciblant l’axe intestin-cerveau — notamment via des fibres, polyphénols et aliments fermentés — pourrait soutenir la santé mentale tout autant que digestive (Rosas-Sánchez et al., 2025).Une méta-analyse publiée en 2024 dans Gut Pathogens montre que certaines souches probiotiques spécifiques peuvent réduire les symptômes d’anxiété et de dépression légère à modérée, en modulant les voies de communication entre l’intestin et le cerveau (Rahmannia et al., 2024)
En conclusion
Non, vous n’êtes pas “trop sensible” ou “psychosomatique”.
Quand l’intestin souffre, le cerveau le ressent — c’est un langage biologique, pas une faiblesse.
👉 En travaillant sur la santé digestive, on agit aussi sur la sérénité intérieure, l’énergie, la clarté mentale et la stabilité émotionnelle.ub 2015 Dec 31. PMID: 26749318.
À propos de l’auteure
Marie Bourland – Diététicienne-Nutritionniste spécialisée en nutrition fonctionnelle et troubles digestifs
J’accompagne les personnes souffrant de SIBO, SII, dysbiose et troubles digestifs chroniques à retrouver un confort durable et un équilibre global, en agissant sur les liens entre intestin, microbiote et cerveau.
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Site internet d’intérêt sur le sujet : Fondation Canadienne de la Santé Digestive – Article « Le lien entre l’intestin, l’humeur et le comportement »


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